OMM
Observatoire de la migration de mineurs
Atelier d’expression artistique- Grenoble, 5 juin 2021

Atelier d’expression artistique- Grenoble, 5 juin 2021

D’après une idée de Béatrice Hernandez Naoun, éducatrice spécialisée

Présentation

Arrivés en France depuis deux, trois ou quatre ans, Lacine, Fodé, Ibrahim, Amadou, Moussa et Souleymane se sont d’emblée portés volontaires lorsqu’ils ont été sollicités pour participer à un atelier d’expression artistique sur le thème de la Migration Positive.

Celui-ci s’est déroulé le 5 juin 2021 à Grenoble au sein de locaux dans lesquels la majorité de ces jeunes avait suivi une scolarité à son arrivée en France. L’idée a été de leur donner la parole par le biais des moyens artistiques que sont la peinture et l’écriture. 

Ainsi, après la réalisation collective d’une peinture (sur trame d’un planisphère), chacun a participé à des instants d’écriture déclinés en trois propositions : 

  • Raconter une expérience positive vécue depuis l’arrivée en France, une rencontre, une découverte, un souvenir inoubliable : « Je me souviens… »
  • Transmettre des messages : aux jeunes qui ont migré en France, aux jeunes qui sont nés en France, aux jeunes restés au pays.
  • Évoquer un projet pour l’avenir, un rêve….

Ces textes personnels ont ensuite été apposés sur la peinture collective. 

A l’issue de cette journée, les jeunes ont exprimé leur satisfaction non seulement vis-à-vis de leur création mais aussi de manière plus générale du fait d’avoir partagé un espace d’expression portant sur les aspects positifs de la migration.

Retranscription des textes

JE ME SOUVIENS

– Je me souviens quand j’étais à Paris chez un ami. J’ai découvert le stade de Paris. On est allé regarder les matchs. J’ai mis de l’ambiance c’était trop bien ! Je me souviens quand j’étais à la Villa Mansard. On a tourné un film avec des migrants. On a tourné un peu partout, au DSF, à la Villa, à Victor Hugo. J’étais grave content de participer à ce film ! Moussa

– Je me souviens entre la frontière Italie et la France, j’ai rencontré une dame super sympa. Elle m’a aidé à traverser la frontière et après m’avoir aidé à la frontière, elle m’a ramené chez elle. J’ai fait la rencontre de son mari et de ses enfants. Ça a été un moment inoubliable pour moi. Et après, j’ai fait de la découverte de la ville de Briançon qui avait de très beaux paysages. Lacine

– Je me souviens, à mon arrivée en France, je ne savais pas parler français, ni écrire. Quatre ans plus tard, grâce à l’école française, j’ai appris à parler et écrire et cette année je passe mon bac en électricité. C’est quelque chose d’incroyable à laquelle je ne m’attendais pas du tout à ce niveau-là! Je me souviens au lycée, avec la prof d’arts plastiques, on avait fait un film d’animation. On avait fabriqué des personnages en pâte à modeler et des objets en carton ! C’était génial ! Souleymane

– Je me souviens, de mon arrivée à Grenoble en 2018. J’étais dans un foyer qui s’appelle la Villa Mansard. Je me suis fait plein d’amis dans ce foyer. Ensuite les éducateurs m’ont inscrit au DSF, là où je prenais des cours de français. Au DSF j’ai rencontré des profs super gentilles et sympathiques. Ces profs-là m’ont appris plein de choses. On a fait plein de sorties ensemble, une visite au musée de Grenoble et d’autres. Fodé

– Je me souviens le premier jour que j’ai rencontré Thibaud à la gare de Grenoble. C’est un jour inoubliable pour moi. Il était juste à l’entrée de la gare. C’est lui qui m’a accompagné à l’Adate (une association qui accompagne les jeunes mineurs isolés à Grenoble). Il y avait une dame qui s’appelait Juliette à l’accueil. Elle m’a dirigé vers une dame qui s’appelle Sarah, une dame très gentille. Grâce à Thibaud et à cette association, je me sens très bien à Grenoble. Amadou Diallo

– Je me souviens quand je suis arrivé en France. J’étais à la gare de Grenoble et j’ai rencontré une bonne personne qui m’a aidé à trouver l’Adate. Ils m’ont bien accueilli. J’étais très content pour ça. Je me souviens aussi quand ils m’ont emmené au foyer le Charmeyran. J’ai commencé au DSF. Au début je ne comprenais rien en français et grâce aux profs j’ai bien appris la langue. Je me souviens aussi quand on a fêté la fin de l’école. On a bien fêté, c’était un moment très cool. Ibrahim

MESSAGES…

Aux jeunes qui ont migré en France :

– Aux jeunes qui ont migré en France, je voudrais les encourager pour aller à l’école, pour comprendre la langue, pour avoir un travail et pour respecter les gens et les règles françaises.

– Mes frères et sœurs migrants en France, j’aimerais vous dire soyez courageux, soyez sérieux. Regardez toujours devant, l’avenir nous dira !

– Mon message pour les jeunes qui ont migré ici en France, comme moi, c’est de ne pas oublier là d’où l’on vient et de ne pas être des personnes hors la loi et respecter toujours les lois françaises.

– Les migrants, je vous conseille de travailler et aussi la langue française. C’est plus important. Surtout, n’abandonnez jamais !

-Bon courage, je suis de tout cœur avec toi. Bon courage, je suis impressionné par ta volonté d’aller toujours de l’avant. Bon courage. Je ne me fais pas de souci quant à tes capacités. Bon courage car il vaut mieux avoir des remords que des regrets. Le courage est une force de caractère qui permet de faire face à un danger. Le courage demande de l’audace et une volonté farouche de ne jamais abandonner et d’avancer coûte que coûte.

Aux jeunes nés en France :

– Aux jeunes nés ici, je vous conseille de respecter les migrants. Nous tous on est pareil, on est humain. On peut être ensemble, faire connaissance et vivre ensemble.

– J’aimerais dire aux jeunes nés en France que nous sommes fiers d’être blédards et que vous n’êtes pas mieux que nous.

Aux jeunes restés au pays :

– Aux jeunes restés au pays, je voudrai dire : protégez vos parents parce que l’aventure c’est pas trop facile, la route est dure. Il y a des morts de faim, de froid, des noyades…

– Les frères, c’est mieux de rester en Afrique plutôt que de risquer votre vie au milieu des baleines et des requins. Alors l’Europe n’est pas un paradis sur terre !

– Chers frères et sœurs africains, nous devons tous lutter pour que chaque homme et chaque femme ait le droit de se présenter à toutes les organisations qui font les lois. Tous les gens auront des droits de participer à l’administration du pays, dans les organisations qui font les lois. Tous les groupes nationaux et toutes les races auront des droits égaux dans les organes de l’état, dans les tribunaux, dans les écoles. Chaque peuple aura le droit d’utiliser sa propre langue et de développer sa propre culture et ses coutumes nationales. La propagation et la pratique de la discrimination ou du mépris national, racial et/ou de couleurs sera un crime passible de sanctions. La richesse nationale de notre continent sera rendue à nos peuples. La propriété des richesses minérales enfouies dans le sol des banques et des industries en situation de monopole sera transférée au peuple dans son ensemble. Tous les citoyens auront des droits égaux de commencer à l’endroit de leur choix, d’avoir une activité industrielle et d’exercer tout commerce artisan ou professionnel.

MON PROJET, MON RÊVE …

– Je rêverais d’être un directeur dans une association qui aide les personnes en difficulté. Par exemple : les jeunes qui viennent d’arriver en France, des jeunes qui sont nés ici ou qui ont des difficultés à s’intégrer dans la société française ou ailleurs en Europe. Je souhaiterais construire une école primaire dans mon village et planter beaucoup d’arbres dans mon village et un peu partout dans le monde…. Amadou Diallo

– Mon projet est de travailler en France dans l’électricité. Développer ma propre boite et avoir de l’argent pour aider les enfants de la rue en Afrique. Souleymane

– Mon rêve est d’avoir mon CAP, mon permis de conduire et mon titre de séjour et continuer à travailler sur ma confiance.  Moussa

– Mon projet est d’avoir des diplômes qui peuvent me permettre d’avoir du travail dans n’importe quel domaine de la maçonnerie et d’avoir un bon statut social. Lacine

– Je rêve d’avoir vachement d’argent et aider ceux qui ont besoin d’aide. Fodé

– Plus tard j’aimerais avoir un travail, avoir un métier : étancheur. Devenir chef d’entreprise. Ibrahim